Éco-western

Mercredi 6 mai, Enki Bilal retrouvait son public à la FNAC Strasbourg à l’occasion de la sortie de son dernier album, Animal'z. Rencontre avec l’auteur de la “trilogie Nikopol”.

Après l’épopée du Monstre, Enki Bilal propose un one-shot d’une centaine de pages en forme de western onirico-existentialiste se déroulant dans un futur qu’on imagine proche. La terre a eu un « coup de sang, elle s’est révoltée. Mais c’est aussi un coup de sans personnel. Il fallait que je change quelque chose, que je me débarrasse des monstres » explique un Bilal qui s’avoue « désormais apaisé sur la question yougoslave ». La simplicité du dessin au crayon gras – sur un papier gris « choisi avec soin » – et quelques rehauts blancs ont ainsi remplacé les pinceaux et l’acrylique.

Le récit commence alors que la catastrophe a déjà eu lieu. Dans cette grisaille bleutée, on ne peut s’empêcher de penser à La Route de Cormac McCarthy : des survivants errent au cœur d’un chaos, où le plus grand des trésors est l’eau potable, à la recherche de points géographiques précis où règnerait encore un semblant d’ordre. Nous en suivons quelques-uns dans leur course effrénée et ouatée. Des hommes ? Soit. Des hybrides aussi, des humains décadents qui ont joué avec la nature (comment ne pas penser aux dieux de La Foire aux immortels ?). « Mais elle n’est pas rancunière » affirme Bilal. « La nature laisse en effet une seconde chance aux hommes ». Les ours et autres éléphants ressemblent ainsi aux bons génies de cette « fable apocalyptique et écologique ». Enki Bilal donne là une intelligente contribution au Grenelle de l’environnement. Il nous prévient une fois encore de la fragilité de notre environnement. L’écouterons-nous ? Sans doute pas. Il le sait. Mais au moins laisse-t-il cet intelligent opus.

Hervé Lévy

Animal'z est paru chez Casterman

Enki Bilal _ BD

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